Comparons les fibres textiles synthétiques, artificielles, naturelles

« L’apparence est le vêtement de la personnalité » disait Galienni. Et pour conserver cette apparence à laquelle on tient, nous avons cherché et répertorié les plus beaux panels de fibres végétales qui permettent un look tendance respectueux de la planète.

Les dessous pas si affriolants de la Mode
L’industrie textile est la deuxième plus polluante au monde après le pétrole.
Nécessitant l’usage de pesticides, de chlore, de colorants et autres produits chimiques, elle est responsable de 17% à 20% de la pollution de l’eau dans le monde 😮
A savoir que 80 milliards de vêtements sont fabriqués chaque année sur la planète, ce qui représente 10 950 000 000 de litres d’eau gaspillés chaque jour pour la teinture textile. Ca ne peut plus durer 😉

12 nuances de fibres
Notre siècle s’active à dénicher les fibres végétales les plus naturelles, confortables, écologiques et économiques. Les cuirs végétaux sont aussi plein de surprise à découvrir dans notre précédent article Du cuir animal au végétal. Pour ne pas faire d’erreur, nous avons classé ces fibres végétales par ordre croissant en fonction de leurs bénéfices pour notre peau et pour la planète.


Les fibres synthétiques n’ont pas le vent en poupe mais sont en partie recyclables comme s’y emploie Multitex. Doit-on, pour autant, privilégier les fibres de synthèse ?

POLYESTER
On l’appréciait car il est infroissable, élastique avec une bonne résistance aux UV et attaques diverses (chimique, micro-organismes et insectes).
En revanche son touché est rêche, et il n’absorbe pas l’humidité. Issu à 70% de produits chimiques, on le boude.

NYLON, ACRYLIQUE, ÉLASTHANNE
Ils sont non renouvelables, non locaux et non biodégradables.
Leur traitement nécessite l’adjonction de colorants toxiques, solvants et produits chimiques.
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Les fibres artificielles sont créent par l’homme à partir de la cellulose qui se trouve dans les végétaux (pin, bambou, eucalyptus..). On les appelle viscose, cupro, modal, lyocell et acétate, mais ces tissus alternatifs nécessitent des procédés polluants !
Entre autre, UNE fibre naturelle pose problème, et c’est celle du coton.

COTON
Le coton n’est pas éco-friendly, en particulier si sa culture nécessite l’usage de pesticides et d’insecticides.
Le coton absorbe 1/4 de la consommation mondiale d’insecticides et d’eau au monde !
Un seul Tshirt peut consommer 250L d’eau et émettre 5,2kg de CO2 (l’équivalent de 27 km en avion).
Le traitement aussi pollue, car le blanchiment du coton passe par l’adjonction de chlore, de métaux lourds et de cyanure, dont le dernier est responsable de l’intoxication d’1 million de personnes et de 20 000 morts par an.

Largement porté en sous-vêtements et longtemps préconisé pour le « respect de la flore intime » dans les protections hygiéniques des femmes, il est à l’origine de nombreux maux et dangers (champignons, prolifération bactérienne, infection urinaire, septicémie).
Un conseil si vous souhaitez protéger votre flore intime, regardez ici le [Starter Pack] Ma toilette responsable.

BAMBOU
La fibre de bambou est artificielle, c’est de la cellulose de bambou (nourriture principale des pandas). Elle est obtenue par l’adjonction de solvants toxiques.
Elle est rare et chère, douce et antibactérienne avec un fort pouvoir absorbant. Pas besoin d’engrais ou de pesticides pour le bambou qui pousse vite avec peu d’eau.

Le bambou produit de l’oxygène et fixe le CO2 près de 4 fois plus que les autres arbres.
Il a le pouvoir de « détoxifier » ce qui l’entoure, c’est-à-dire qu’il emprisonne les toxines pour protéger les autres organismes du sol. Des champs de bambou peuvent être plantés sur des sols « malades » où d’autres plantes ne pousseraient pas pour décontaminer les sols, en vue d’une prochaine culture. Dans ces conditions, le bambou est une bonne alternative.

Oui, mais attention
Le bambou est présent en quantité limitée sur Terre et naturellement dédié à nourrir les pandas (espèce en voie d’extinction). On l’utilise déjà pour des brosses à dents et autres objets en bois de bambou (d’ailleurs les meilleures brosses à dent responsables sont à consulter ICI .)
C’est une plante invasive (peut faire baisser la biodiversité d’un milieu) et la majeure partie provient de Chine, d’Inde, du Vietnam et d’Amérique latine. Autrement dit, s’il est produit de manière intensive à l’autre bout de la planète, entraînant une déforestation massive, le bambou est à éviter.

VISCOSE
Produite à partir de la transformation d’une pâte de bois, c’est une fibre qui apporte un confort maximum car elle est respirante, absorbante, confortable et très esthétique.
Cependant, étant aussi issue du bambou -avec les problématiques inhérentes à celui-ci- il est chimiquement transformé par l’action de produits très toxiques.

MODAL
Cette fibre artificielle, de type de viscose en plus solide (donc plus durable), est crée chimiquement pour obtenir la cellulose de bois. Le solvant utilisé pour la transformation de la cellulose est naturel et non toxique et il est également recyclé à 99%. Plus doux que la soie, il est biodégradable contrairement aux matières synthétiques.

LYOCELL
Conçu à partir de pulpe d’eucalyptus on l’appelle aussi Tencel®. Il est biodégradable, doux, antibactérien, isotherme, résistant, hypoallergénique et respecte l’hygiène de la peau.
Il est surtout hyper absorbant (50% fois plus que le coton) et réputé infroissable et facile à entretenir.

Mais les avis sur le lyocell divergent en ce qui concerne le processus de fabrication.
Car s’il s’agit d’un produit vert à faible impact environnemental, il nécessite une consommation d’énergie considérable pendant la phase de production et l’ajout d’un solvant (dit « non toxique »).

SOJA
La fibre de soja aussi communément appelée « cachemire végétal » a une grosse capacité d’absorption et est idéal pour la transpiration (utile dans les vêtements sportifs).
Elle nécessite moins de teinture lors de sa fabrication.
Plus souple que la laine, le coton et la soie, elle est douce, avec une brillance proche de celle de la soie et a une bonne isolation thermique (qui retient naturellement la chaleur).

Cependant, se pose la question de la provenance de ce soja, venant souvent de Chine et des USA via des cultures OGM. Il existe aujourd’hui des filières de production plus locale mais se pose alors la question de la biodiversité. Déjà bien consommé par les animaux d’élevage et les végétaliens (lait et crème de soja, tofu…), va-t-on aussi l’utiliser pour la production de textile ? Entraînant des champs immenses de mono-cultures -à défaut d’autres fibres dont nous avons parlé ici- ?

NOIX DE COCO
Oui des vêtements en noix de coco c’est possible aussi.
Les plus fines sont extraites des coques rejetées après qu’on ait extrait la pulpe. Elles sont filées et mélangées avec du coton ce qui donne une structure poreuse, légère et elle présente des propriétés déodorantes.

La société japonaise Shikibo Fabrics en est la spécialiste.
C’est donc une fibre issue de la biomasse, biodégradable, légère,
thermo-isolante, déodorante et antibactérienne.
Mais vous l’aurez compris, la noix de coco vient de loin et son bilan carbone n’est pas bon suite aux émissions de CO2.

Des fibres comme les fibres de canne à sucre, de banane et d’ananas sont encore à l’étude mais posent encore la question de l’utilisation de denrées alimentaires pour fabriquer des textiles alors que des personnes meurent de faim tous les jours.

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A partir de maintenant, vous pouvez y aller sans crainte ! Toutes les fibres présentées ci-dessous sont d’origine naturelle avec des propriétés extraordinaires.

SEACELL
Et pourquoi pas, une fibre à base d’algues ?
L’avenir se cacherait-il dans les algues, aussi bien pour notre alimentation et notre carburant que nos textiles ?
Cette fibre révolutionnaire fabriquée à base d’algues et de la transformation (Lyocell) décrite plus haut.
La fibre d’algue contient des principes actifs qui restent incorporés dans le tissus, même
après lavage, parmi lesquelles :
Soin de la peau, libération de vitamine E et sels minéraux; anti-irritation; cicatrisation de la peau après inflammation; doux, confortable, infroissable; respirant et absorbant.
Vous pouvez retrouver cette fibre sur les vêtements de la marque EKYOG qui s’emploie à faire le bien dans ses collections.

LIN
Le lin est l’une des fibres les plus écologiques et spécialement pour les français car la France est le premier pays d’Europe à cultiver le lin textile (en Flandre, Picardie, Normandie, Bretagne et dans le Pas-de-calais) !
Il consomme 5x moins de pesticides que le coton quand il n’est pas bio, ne nécessitant aucun solvant ni eau.
Sa culture est sans déchets, pulpe, huile, graines, rien n’est perdu tout se transforme ! 
C’est un isolant thermique, biodégradable et recyclable d’une extrême douceur.
D’ailleurs, le lin aurait des vertus anti-stress par la diminution de la température et de la tension.

Le saviez-vous ? 650 millions m3 d’eau seraient épargnés si les cultures de lin remplaçaient celles de coton !

CHANVRE
Le chanvre est la plus résistante des fibres et la moins polluante.
Naturellement antibactérienne et antifongique, isolante, sa culture ne nécessite pas de traitements, pas besoin d’irrigation et cette culture entretien les sols, tout en absorbant beaucoup CO2.
Et je vous le donne en mille, la France se positionne comme leader européen et deuxième mondial pour sa production de chanvre, et particulièrement la Bretagne ! Donc c’est une fibre locale 😉

TOURBE
La tourbe représente 3% de la surface de la planète, et n’est pourtant exploitée qu’à
hauteur de 0,1% pour faire des combustibles !
Pourtant, elle a des propriétés isolantes et de légèreté qui en font un très bon tissus développé sous le nom d’Eriotex. Elle est 2x  plus chaude que la laine à laquelle elle est très souvent mélangée et surtout, c’est
une biomasse peu exploitée, qui ne nécessite AUCUN traitement chimique !
Antiseptique, hypoallergénique, très absorbante et thermo-isolante.


Pardonnez le manque de glamour de cette photo mais avec le respect de droit à l’image, c’est tout ce que vous aurez.

En conclusion, quelques fibres se profilent comme très bonnes candidates pour ton dressing comme la fibre de lin, la fibre de chanvre ou encore la fibre de tourbe, mais il est avisé de diversifier les fibres naturelles pour éviter les monocultures.
Les vêtements en fibre végétales sont encore difficiles à trouver en magasin car nous sommes en pleine découverte des possibles. Le marché de la mode responsable ne fait que commencer et les marques peinent à passer aux fibres végétales !
En étant plus avertis, nous, consommateurs, devons demander aux marques de travailler plus de fibres naturelles. S’habiller responsable passe aussi par une garde-robe vintage et minimaliste, et pour tout savoir, lisez l’article Slow Fashion.
J’aime à dire qu’il y a des solutions « moins pires » que d’autres et, dans la mesure de nos moyens et des produits disponibles, on peut faire en sorte d’avoir un mode de vie plus éco-responsable : un mode de vie Super Responsable !

Cet article a été rédigé par Marion ELLUL

Autres sources
Consoglobe bambou écolo
Consoglobe les nouvelles fibres textiles
Mode professionnelle le Tencel
Kelbio
Planetaddict guide des textiles
Le bambou -We dress fair 

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